Quel Canada, quel avenir choisirons-nous ?



Ça y est ! Plus que quelques heures avant que la majorité de nos concitoyens se rendent déposer dans l'urne électorale un bout de papier avec une croix dont dépend l'avenir de ce coin de planète en grand besoin d'un leadership éclairé, raisonnable et centré sur les besoins réels de ses habitants. Pour quel genre d'avenir opterons-nous ? Si vous avez déjà fermement arrêté votre choix, ce qui suit vous laissera probablement indifférent. Si vous hésitez encore entre les choix s'offrant à nous, alors cela pourrait vous permettre d'y voir un peu plus clair.

Tout d'abord, une chose est sûre : tout au long de cette longue campagne où chacun des partis en lice a tout mis en oeuvre pour nous séduire afin d'obtenir notre vote, ou bien pour nous avertir de ce qu'un vote pour l'un ou l'autre des adversaires pourrait signifier, nous avons pu en apprendre beaucoup sur le caractère véritable des leaders en présence, pourvu que nous sachions voir, au-delà des apparences, le vrai visage des 3 prétendants au trône et du vassal québécois qui rêve de jouer encore une fois les trouble-fête à Ottawa, sous prétexte de défendre nos intérêts.

Celui qui détient la couronne depuis une décennie, et dont bien des électeurs ne partagent aucunement les valeurs qui l'anime, a été égal à lui-même, prêt à tous les coups, même les plus bas, et à tous les trucs du métier pour nous cajoler, nous inquiéter, nous rassurer, nous faire oublier, et tenter de conserver sa précieuse couronne. Il représente une vision de ce pays qui est généralement aux antipodes de ce en quoi la plupart des gens aspirent. Il est prêt à saccager encore davantage l'environnement vivant et vital pour en extirper davantage de profits pour une élite qu'il fréquente assidûment depuis toujours. À force de resserrer les cordons de notre bourse commune, il a étranglé l'économie et restreint le niveau et la qualité des services auxquels nous avons accès. Il a également rempli nos prisons dans sa rage de punir, alimenté la machine de guerre responsable de tant de violences inutiles en ce monde, baillonné les scientifiques, éviscéré le système qui garantissait la sécurité environnementale, mis en danger nos droits et libertés, bref, il a donné libre cours aux plus bas instincts et à la rapacité gloutonne d'un capitalisme dur et impitoyable canalisant toujours plus notre richesse collective entre les mains d'une minorité toujours plus avide de se remplir les poches au détriment de la vaste majorité des Canadiens. Si c'est ce à quoi vous vous identifiez, alors votez pour lui.

Celui qui aspire à marcher dans les traces de son père et qui est animé d'une énergie juvénile extraordinaire dans les efforts incessants qu'il déploie pour nous persuader qu'il est en le digne héritier, a réussi à se gagner l'admiration de nombreux Canadiens et à leur faire croire qu'il représente la meilleure alternative pour remplacer le monarque fatigué et tant honni. Une grosse machine bien rôdée au fil de ses 128 années d'existence, dont 69 ans au pouvoir uniquement au 20e siècle, l'a choisi comme porte-parole pour défendre ses couleurs et tenter de redorer son blason après sa dernière déroute électorale qui ne lui a laissé que 36 sièges sur 308 à la Chambre des communes. Derrière le clinquant de son avion et de son autobus de campagne portant son nom prestigieux se cache toutefois toute une faune politique dont nous avons pu découvrir l'existence grâce au faux-pas commis par un des proches conseillers de ce jeune et fringant chef. Capable de lancer des promesses plus vite que son ombre, répétant scrupuleusement une litanie de slogans creux appris par coeur, il a su donner une aura de jeunesse et de vitalité à un très vieux parti qui s'est rendu tristement célèbre pour ses magouilles et la gangrène de malhonnêteté qui a fini par s'emparer de lui à force de trop goûter au pouvoir qui, on le sait bien, finit par tout corrompre. Ce parti usé par le temps, dont le seul véritable idéal semble être de régner à nouveau, a-t-il vraiment subi une cure de jouvence et s'est-il vraiment purifié de ses vieux démons ? Si vous êtes prêt à prendre le risque de confier la couronne à ce jeune prince ayant fort peu d'expérience et s'étant apparemment entouré de conseillers véreux prêts à le manipuler ensuite pour servir leurs maîtres tapis dans l'ombre, alors votez pour lui.

Celui qui a repris le flambeau du légendaire Jack dans la quête sans cesse repoussée d'un parti auquel les Canadiens n'ont jamais consenti à confier les reines du pouvoir, a scrupuleusement suivi la voie qu'il s'est tracée, sans dévier des principes d'intégrité et d'authenticité qui le guident, afin de tenter de rallier les Canadiens autour des idéaux démocratiques, sociaux et environnementaux que lui et son parti défendent contre vents et marées depuis toujours. Ses adversaires qui, malgré leurs beaux discours, ne visent qu'à défendre le statu quo et à empêcher les Canadiens de se libérer du système qui les oppresse sans même qu'ils s'en rendent compte, ont tiré sur lui à boulets rouges et bleus, tant et si bien que les gens qui avaient commencé à croire en la validité des nouvelles options proposées se sont mis à hésiter et à douter de leur propre volonté de donner un grand coup de balai à Ottawa, afin de libérer l'immense potentiel d'innovation et de créativité ayant fait la réputation des gens de ce vaste pays.

Un grand rendez-vous avec l'histoire s'offre à nous. Pour la première fois, nous pouvons prendre un virage qui assurera des lendemains meilleurs pour nous, nos enfants et la nature, dont la bonne santé est essentielle à notre survie commune. Quoi que ses adversaires aient pu dire pour ternir sa bonne réputation et nous détourner de cette nouvelle voie social démocrate qui, ailleurs dans le monde, a assuré à la fois la prospérité des nations l'ayant emprunté et la vitalité d'une société équitable envers tous et à l'abri des parasites et des vieux démons qui règnent ailleurs, saurons-nous accorder notre confiance à celui dont le seul but est de servir le bien commun, appuyé d'une équipe maintenant bien rompue aux joutes politiques après 4 années dans le rôle d'opposition officielle ? Verrons-nous, au-delà des astuces manipulatrices employées par ses adversaires pour ternir son image, la grande chance qui s'offre à nous de remettre ce pays sur ses rails d'honnêté éthique, morale et intellectuelle ? En somme, voterons-nous pour nous, ou bien pour ceux qui ne cherchent qu'à nous contrôler et nous manipuler ? Si vous êtes prêt pour le VRAI changement, alors votez pour lui.

Enfin, il y a l'autre, l'empêcheur de gouverner en rond, qui, après un lamentable échec, consécutif à une désaffection quasi totale à l'égard d'un vieux rêve dégonflé par une démographie inéluctablement rébarbative à l'idée de faire bande à part pour de vieilles rancunes, vides de sens aujourd'hui en un monde où les frontières sont en voie de disparaître, espère pouvoir reprendre du service et redonner vie aux braises mortes d'une lutte désormais réservée aux livres d'histoire. Sa verve et son habile utilisation des enjeux, principalement environnementaux, qui, aujourd'hui, ont de l'écho auprès des gens de son « pays », ont su lui regagner les sympathies d'une partie de l'électorat francophone qui lui était auparavant acquis. Ses belles performances d'orateur ont pu ainsi brouiller les cartes et emmêler les esprits au point de leur faire oublier la seule chose qui compte vraiment : faire table rase du passé et repartir sur des bases neuves et résolument tournées vers l'avenir. Si vous croyez qu'il faut revenir en arrière et priver l'ensemble du pays du renouveau démocratique qui seul pourra nous sortir des profondes ornières où nous nous sommes embourbés, alors votez pour lui.

Je sais... vous avez vite compris où je voulais en venir et de quel côté mon coeur penche. Toutefois, je crois sincèrement que ma description des options s'offrant à vous, à la veille de ce vote, reflète bel et bien la réalité. Vous êtes entièrement libre de choisir l'option politique qui VOUS convient. C'est là toute la beauté de cet exercice démocratique, un privilège auquel nombre de nos semblables en ce monde ne peuvent encore qu'aspirer. Nous avons, dit-on, les gouvernements que l'on mérite. Pour le meilleur et pour le pire, ce sont eux qui, une fois élus, décident à la fois du sort du monde et de la direction prise dans les faits par notre expérience collective, nationalement et mondialement, en ce début de 3e millénaire. Votre seul levier – mais il est déterminant ! – c'est celui de cette petite croix que vous ferez peut-être ce lundi sur un bout de papier. Que votre choix soit conscient et éclairé. L'avenir du Canada en dépend.

Jean Hudon
L'Anse-Saint-Jean