5 octobre 2001

La planète à la croisée de chemins : 1. Une place pour chaque chose 2. Coupables et responsables 3. Guerre, mode d’emploi

Bonjour à tous

Je tiens à vous prévenir, ce qui suit risque de vous ébranler.

Le choix de la liberté, de la justice et de la paix doit se faire en TOUTE conscience...

Jean Hudon
Coordonnateur du Réseau Arc-en-ciel de la Terre
http://www.cybernaute.com/earthconcert2000

Également recommandé par Claude Rifat <cyrano@aqua.ocn.ne.jp>

Les Américains font chanter le monde entier
http://forum.tdg.ch/messages/201/201.html?1002153717




1.

From: Robert Léo Gendron <robertle@interlinx.qc.ca>

Date: Wed, 3 Oct 2001
From: Serge Grenier <stg@netconnexion.ca>
Subject: Une place pour chaque chose...

Et chaque chose à sa place...

Environ 35.000 enfants meurent de faim chaque jour, le mardi 11 septembre 2001 n'a pas fait exception à la règle.

Jour : mardi 11 septembre 2001
Drame : 35.000 enfants sont morts
Lieu : pays pauvres de la planète
Éditions spéciales à la télévision : 0
Articles de presse : 0
Messages du chef de l'État : 0
Convocation d'unité de crise : 0
Manifestations de solidarité : 0
Minutes de silence : 0
Commémorations des victimes : 0
Forum social organisé : 0
Autorité religieuse du monde : aucune réaction
La bourse : pas mal
Le $ : en reprise
Niveau d'alerte : 0
Mobilisation de l'armée : aucune
Hypothèse sur l'identité des criminels : aucune
Auteurs probables du crime : pays riches




2.

From: "Gildas Boisrobert" <gildas.boisrobert@wanadoo.fr>
Subject: Coupables et responsables
Date: Wed, 3 Oct 2001

Bonjour,

Je vous fais parvenir, en pièce jointe, un article remarquable de Jean François Khan, paru dans un forum sur Respublica.fr ce 3-10-2001.

Merci pour tout ce que vous faites

Gildas BOISROBERT
http://perso.wanadoo.fr/gildas.boisrobert
http://site.voila.fr/SEREINE_LUMIERE
http://perso.wanadoo.fr/miriadan


Coupables et responsables

Le terrorisme est le premier coupable et le premier responsable des attentats américains. Mais, au-delà de ce constat, d'autres responsabilités se dessinent, dans lesquelles le laxisme du monde occidental se trouve en bonne place.

« Non, ce ne sont pas les islamistes qui tuent! »

On sait à quel point certains médias ont véhiculé, en ce qui concerne l'Algérie, ce discours d'exonération concocté dans des officines intégristes londoniennes. Et d'ailleurs, personne n'a jamais proposé d'observer une minute de silence en hommage aux 100 000 victimes algériennes des complices de Ben Laden (pas plus d'ailleurs qu'en souvenir des enfants irakiens victimes de l'embargo).

Or, qu'entend-on depuis quelques jours, les mêmes officines s'étant remises au travail, relayées par leurs innombrables réseaux d'influence au sein du monde musulman, mais pas seulement? Que Ben Laden, ce bouc émissaire, ne peut pas être responsable d'un complot si bien préparé, si sophistiqué ; qu'il faut à l'évidence regarder du côté d'Israël et de la CIA ; que tout prouve que les terroristes ont pu s'installer, s'entraîner, se préparer et finalement agir librement sur le sol américain ; que le FBI n'a rien fait pour les en empêcher ; que le Pentagone a pu être visé impunément plus d'une heure après la frappe contre la première tour du World Trade Center ; que l'on sait d'ailleurs à qui profite ce crime, la preuve en étant que Sharon a tout de suite profité de l'occasion! Bref, le même discours paranoïaque, qui permit d'exonérer les intégristes algériens de leurs crimes, est en train de faire fureur dans certains milieux.

Et il est probable que, dans quelques semaines, une grande partie des opinions des pays du Sud prendra les thèses du complot américano-sioniste pour argent comptant. Déjà, selon un sondage Gallup, l'immense majorité des opinions pakistanaise et indonésienne est sur cette ligne (lire p. 20). Au-delà, un constat s'impose : alors que l'ampleur et l'horreur de la tragédie que viennent de vivre les Etats-Unis auraient dû susciter un vaste mouvement de solidarité en faveur de la nation américaine, les premiers moments de stupeur puis d'émotion passés, c'est (au moins dans les pays du tiers-monde, mais, là encore, pas seulement ), à une flambée de sentiments anti-américains à laquelle on assiste, et cela bien que les gouvernements, eux, aient multiplié les signes d'allégeance à Washington. Pourquoi une telle haine?

Comment en est-on arrivé là?

« Là », c'est-à-dire à l'horreur absolue de ces attentats et, sinon à leur justification, à leur intégration dans une dialectique de diabolisation absolue de l'Oncle Sam. George W. Bush, dont la rhétorique date de plusieurs siècles, évoque le combat du « bien » contre le « mal », sans, le pauvre homme, songer un seul instant qu'il reprend ainsi à son compte, sans distanciation ni bémol, la logomachie des intégristes islamiques en général et de Ben Laden en particulier.Le « mal », c'est quoi pour M. Bush? Ce sont ceux qui affrontent l'Amérique. D'où il résulte que le « mal », sans changer de nature et tout en demeurant intrinsèquement fidèle à lui-même, peut d'abord avoir été le « bien ». La preuve par Ben Laden, cet ancien agent actif de la CIA! Tant que cela frappe les autres...

Le « mal », c'est d'abord le terrorisme. Voilà qui est difficilement contestable. Au-delà de la personnalité d'un milliardaire saoudien, manipulé devenu manipulateur, c'est bien ce cancer-là qu'il faut d'abord désigner comme le premier coupable et comme le premier responsable du forfait qui a horrifié le monde civilisé. Mais rappelons ce simple fait : en 1995, l'explosion d'une voiture piégée fit 40 morts à Alger ; elle fut revendiquée depuis Washington où il résidait par un ex-dirigeant du FIS rallié au GIA, Anouar Haddam. Or, laissé en liberté conditionnelle, il put impunément, depuis le territoire américain, poursuivre son activité destructrice. Le dénommé el-Hadge, chrétien libanais converti à l'islam, avait été le secrétaire personnel au Soudan de Ben Laden, dont il gérait, en outre, les affaires. Cela ne l'empêcha nullement, devenu américain, d'ouvrir une boutique de pneus au Texas. Quant à l'un des adjoints opérationnels de Ben Laden, peut-être son bras droit, il réside très officiellement à Londres. En vérité, tant que le terrorisme islamique frappait l'Algérie ou l'Egypte, qu'il menaçait le pays « d'à côté », qu'il s'investissait dans des actions armées aux Célèbes et aux Philippines, organisait une campagne d'attentats à Jakarta, la capitale de l'Indonésie, il n'avait aucun mal à trouver refuges, relais, planques, bases stratégiques, centres de propagande en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, dans la région milanaise, voire aux Etats-Unis mêmes.

Certes, les tueurs kamikazes du Hamas palestinien ou du jihad islamique bénéficient de bases arrière en Jordanie et en Syrie. Mais l'Amérique n'a-t-elle pas accepté elle-même que le Pakistan forme, entraîne, arme et encadre les terroristes islamistes qui ensanglantaient le Cachemire? Mais n'avons-nous pas couvert la participation de brigades arabes, recrutées par le réseau Ben Laden, à la guerre de Bosnie et fermé les yeux sur le fait que ce pays servait de plaque tournante à l'implantation des réseaux islamistes en Europe? Le Marocain Saïd Atmani, ex-complice d'Ahmed Ressam, condamné pour avoir voulu faire sauter l'aéroport de Los Angeles, et membre du réseau français de Fateh Kamel, lié à Ben Laden, prit la nationalité bosniaque, ainsi que son alter ego, l'Algérien Shoulah. Mais, au-delà de notre légitime et nécessaire condamnation des forfaits commis par la soldatesque russe en Tchétchénie, n'avons-nous pas également fermé les yeux sur le fait que la nébuleuse terroriste liée à l'organisation Al Qaeda s'était réinvestie dans l'aide aux plus extrémistes des combattants wahhabites tchétchènes?

L'un des kamikazes des attentats de New York, le Saoudien Ahmed al-Ghandi (alias Rachid) n'avait-il pas, préalablement, été combattre en Tchétchénie ; comme sans doute l'un de ses acolytes, saoudien lui aussi, Fayez Mohammad al-Sherhri, qui annonçait, il y a deux ans, à son père qu'il allait travailler à l'étranger « pour une agence de secours ».

Au demeurant, notre intransigeance à l'égard du terrorisme s'est-elle toujours manifestée avec la même force? A l'égard de l'UCK kosovare? Ou de l'IRA irlandaise? De l'ETA basque? Du FLNC corse? De l'organisation des tigres Tamoul? Du PKK kurde? Aujourd'hui, à la CIA comme au sein des services secrets français, on se lamente. Pourquoi? Parce que l'ex-responsable des renseignements de l'OLP, le Palestinien Abou Djihad, qui, depuis Tunis, leur rendit d'énormes services dans la lutte antiterroriste, n'est plus là. Il a été assassiné par le Mossad! Eradiquer le terrorisme? Sans doute! Mais n'oublions pas qu'il y a peu les « méchants » étaient justement ceux qui voulaient l'éradiquer! Qui sont les pays terroristes? Frapper les pays qui le protègent? Logique! En fonction de quoi, c'est sans doute l'Afghanistan qui va payer pour les autres.

Or, les deux pays qui, longtemps avec l'aval des Etats-Unis, ont le plus largement contribué au développement des réseaux et des mouvements intégristes armés, sont deux Etats ouvertement islamistes : l'Arabie Saoudite et le Pakistan, qui ont choisi de se rallier à la coalition américaine. Récemment, cinq grandes familles saoudiennes (naturellement liées au clan royal) ont été convaincues d'avoir versé des sommes considérables à l'ONG Islamic Relief, qui elle-même recyclait ses fonds en faveur de l'organisation Ben Laden. On estime aujourd'hui que 70 % des groupes intégristes radicaux sunnites, tel le FIS algérien, ont été financés par l'Arabie Saoudite et les pays du Golfe, y compris ceux qui irriguent l'Asie du Sud-Est, tels les Laskars Djihad aux Célèbes, le Jihad des Moluques, le KMM en Malaisie, le front Moro islamique de libération aux Philippines. Quant au Pakistan, inventeur des talibans, ses services secrets militaires font pratiquement corps avec les brigades arabes de Ben Laden en Afghanistan.

Mais, bizarrement, ce n'est pas l'Arabie Saoudite, ce n'est pas le Pakistan, que l'Amérique a soumis à un implacable blocus : c'est Cuba! Et les pays que Washington désigne comme terroristes ne sont pas ceux-là, mais la Syrie et l'Iran. L'islam est-il coupable? Quant à Saddam Hussein, bien que son pays aux abois n'ait apparemment joué aucun rôle direct dans les complots terroristes dont on découvre les invraisemblables ramifications, il porte une part non négligeable de responsabilité dans la mesure où, pour faire oublier son fiasco koweïtien, il s'est lancé dans une surenchère propagandiste quasiment hystérique, d'où il ressort que, dès lors qu'il s'agit de punir Israël ou l'Amérique, tous les moyens sont bons. Et, du coup, ce laïc implacable, qui noya dans le sang les mouvements intégristes dans son pays, s'est transformé en allié objectif de tous les fondamentalistes sunnites, y compris les plus criminels.

Coupable, l'islam?

A cette question, un choeur bien-pensant répond d'une même voix : l'islamisme n'a rien à voir avec l'islam! Le terrorisme intégriste est une négation de la foi en Dieu ; l'islamisme, comme toute religion du Livre, réprouve le meurtre de son prochain! Il est sans doute utile et nécessaire de développer ce type de sermon. A condition de ne pas en être entièrement dupe! Dira-t-on, en effet, que les croisades et leurs cortèges de massacres n'ont rien à voir avec le christianisme? Que la Saint-Barthélemy n'eut rien à voir avec le catholicisme? Que l'immolation de Michel Servet n'eut rien à voir avec le calvinisme? Que les pogroms de Kiev n'eurent rien à voir avec le christianisme orthodoxe? Que les ratonnades de Bombay n'ont rien à voir avec l'hindouisme? Que le soutien apporté par certains rabbins au meurtrier de Yitzhak Rabin n'a aucune signification et qu'il est sans importance que les partis religieux israéliens se rangent plutôt parmi les faucons les plus exaltés! Ce serait trop simple : un peu comme décréter que le stalinisme n'eut absolument aucun rapport, ni de près ni de loin, avec le marxisme. La religion n'aurait-elle donc joué aucun rôle dans la guerre civile irlandaise? Dans le meurtrier conflit bosniaque? Dans la tragédie tchétchène? Dans la bataille pour Jérusalem? Dans l'explosion du terrorisme sikh? Dans les combats du Karabakh? Dans la sanglante crise du Cachemire? Dans la lutte du Timor oriental? Qui le croit? Toute religion prétend professer le respect de la vie humaine. Mais on tue un peu partout au nom de la religion ; mais on s'extermine dans la ville de Jos au Nigeria au nom de la religion. On s'étripe dans les archipels des Célèbes et des Moluques au nom de la religion ; on s'affronte au Soudan au nom de la religion ; on assassine aux Philippines comme en Algérie, au nom de la religion. En l'occurrence, les religions au nom desquelles on verse le sang peuvent être l'hindouisme, le christianisme ou le judaïsme. Mais, plus souvent encore, l'islam! Ce n'est certes pas l'islam en soi qui pose problème (des centaines de millions d'individus pacifiques, doux, altruistes s'en réclament), mais une certaine façon de vivre intensément et totalement l'islam - le salafisme et le djihadisme. La rémanence de la nécessité de la pureté, et donc de la purification ; le rapport difficile que l'islam, religion par ailleurs de libération et de révolte identitaire, entretient avec les concepts de tolérance, de laïcité et, par voie de conséquence, de démocratie. Il n'est pas un Arabe progressiste ou démocrate, un musulman humaniste ou républicain, qui ne regarde cette réalité en face. Pourquoi devrions-nous, nous, l'interdire?

Pourquoi devrions-nous être moins intransigeants à l'égard de l'intégrisme musulman qu'à l'égard des intégrismes chrétiens ou juifs qui nous révulsent? Pourquoi accepter de s'enfermer dans un système d'autocensure cléricale qui nous empêcherait aujourd'hui de publier certaines oeuvres de Voltaire ou de Victor Hugo?

N'est-il pas significatif que la droite chrétienne américaine se soit fendue d'une homélie qui présentait l'attentat du World Trade Center comme la juste manifestation d'une punition divine? Question : si l'on découvre que plusieurs centaines ou milliers d'assassins se réclament du même maître, enquêtera-t-on sur ce maître-là? Si, donc, plusieurs centaines ou milliers d'assassins se réclament du même patron, qui s'appelle Dieu, ne convient-il pas d'enquêter sur ce patron-là?
L'islam n'est évidemment pas coupable. Mais certains qui ont instrumentalisé l'islam (comme d'autres, hélas, le judaïsme ou, dans les Balkans par exemple, le christianisme) sont, eux, incontestablement responsables. Comme est responsable celui qui, au nom de son national-intégrisme à lui, leur a offert le prétexte d'une guerre de religion : Ariel Sharon.

Pourquoi Sharon est responsable

Il ne s'agit pas de diaboliser ce personnage qui, au-delà de ses convictions raides et sans nuance, sait aussi parfois faire preuve de pragmatisme, mais de s'en tenir à ce constat : c'est lui, Sharon, qui, en précipitant l'invasion du Liban malgré les ordres reçus, fit basculer la population chiite dans le camp de la radicalité et enfanta le Hezbollah ; c'est lui qui, en couvrant les massacres de Sabra et de Chatila, offrit aux manipulateurs de la haine le symbole qui leur permit de justifier leur propre fureur ; c'est lui qui initia cette stratégie mortifère qui consista, pour affaiblir une OLP dont il refusait d'admettre la représentativité, à favoriser le développement du Hamas palestinien ; c'est lui, le héros de la guerre du Kippour, qui, au lieu de faire pièce à Nétanyahou, apporta sa caution à ce discours ultranationaliste qui conduisit certains aux pires extrémités pour saboter le processus de paix initié par Rabin ; c'est lui qui, par sa provocation électoraliste sur l'esplanade des Mosquées, offrit un formidable alibi à ceux qui rêvaient de transformer l'intifada en guerre sainte ; c'est lui qui, en condamnant le plan Clinton échafaudé à Camp David, en défendant l'intangibilité des colonies, puis en renvoyant sine die toute procédure, qui aurait pu déboucher sur l'affirmation d'un Etat palestinien, ferma toutes les issues, boucha toutes les perspectives et alimenta de la sorte la propagande infernale de ceux qui avaient besoin, pour justifier leur rhétorique de la terreur, d'exploiter la désespérance palestinienne.

Arafat aussi, par son incompétence, son mélange de laxisme et de démagogie, porte sa grande part de responsabilités. Mais se rend-on compte qu'à le comparer à Ben Laden, à qualifier de « terroristes » même ceux qui lancent des pierres, comme l'a fait Sharon, on banalise l'horreur? On ne peut exclure, au vu du très fragile et peut-être éphémère cessez-le-feu qui est intervenu à la fin de la semaine en Israël et que les Américains ont, cette fois, imposé, que, paradoxalement, le processus de paix redémarre : il faudra alors en savoir gré y compris à Sharon et à Arafat. Mais comment ne pas frémir à l'idée que tout aurait pu être différent si ce déblocage était intervenu trois mois plus tôt... c'est-à-dire « avant »!

Si Bush n'avait pas cassé la dynamique initiée par Clinton! Car la responsabilité du président des Etats-Unis ne peut, elle non plus, être escamotée. En se retirant en quelque sorte du processus de paix, en donnant à croire qu'il s'interdisait de faire pression sur la partie israélienne (même si ce n'était pas tout à fait exact), en multipliant les initiatives unilatérales qui confortaient le mythe de l'arrogance yankee, il a alimenté la logomachie anti-américaine dont se nourrit l'islamisme radical. L'Amérique a conçu Frankenstein. D'autant qu'il héritait d'un lourd fardeau, même si, cette fois, il n'en était pas directement responsable.

On l'a assez dit, en effet : ce sont les Etats-Unis qui, tel Frankenstein, ont fabriqué le monstre qui s'est retourné contre eux ; ce sont eux qui ont recruté et promu Ben Laden ; qui ont encadré, entraîné, financé, armé l'internationale islamiste dont ce dernier est devenu le chef d'orchestre ; qui ont privilégié les intégristes afghans au détriment des modérés et des démocrates sous prétexte qu'ils étaient plus efficaces dans le combat antisoviétique : ainsi, 80 % de l'aide américaine a-t-elle été réservée aux forces extrémistes de Gulbuddih Kekmatyar (le Hezb I Islam) et de Resul Suyyal, dont les performances étaient jugées sur cassettes vidéo... Ce sont encore les Etats-Unis qui ont laissé l'Arabie Saoudite financer les groupes islamistes radicaux un peu partout dans le monde (il s'agissait de faire pièce aux nationalistes de gauche), qui ont longtemps favorisé le FIS en Algérie, puis qui ont permis aux créateurs du GIA algérien d'utiliser leur territoire.

Surtout, c'est Bush-père qui, après avoir largement soutenu et armé Saddam Hussein contre l'Iran, a conduit la guerre d'Irak de telle façon que le régime dictatorial reste en place, puis a organisé ensuite une sorte de torture permanente des populations irakiennes (embargo et bombardements) qui a puissamment contribué à soulever dans le monde entier les masses musulmanes contre l'Occident.
Quant à l'utilisation, par Ben Laden, de la Bosnie comme plaque tournante pour son implantation en Europe, l'Amérique n'a rien trouvé à y redire.

Et la mondialisation dans tout ça? Coupables, responsables? Sur France Inter, un crétin, professeur à l'université de Paris Dauphine, a pointé un doigt accusateur en direction des antimondialistes. C'est plutôt l'inverse qui mériterait réflexion! La nébuleuse Ben Laden (qui, soit dit en passant, est réellement dirigée aujourd'hui par Haman al-Zawahri, l''ex-chef du jihad égyptien) est sans doute l'organisation planétaire la mieux intégrée, y compris financièrement et technologiquement, à la mondialisation néo-libérale. Elle en est la fille, le pur produit, à l'exemple de ce Ramzi Youssef, principal responsable du premier attentat contre le World Trade Center : né au Koweït, de père pakistanais et de mère palestinienne, il s'est entraîné en Afghanistan, a vécu aux Etats-Unis, s'est installé aux Philippines où, au nom du réseau Ben Laden, il a noué des contacts avec les groupes islamistes malais, indonésiens et philippins, avant de se réfugier au Pakistan!

Qui, d'ailleurs, a su de main de maître organiser, la veille des attentats, une méga-spéculation sur l'ensemble des marchés financiers?

Les néolibéraux mondialistes ont trouvé leur modèle!

Jean-François Kahn




3.

De : "Christian Cotten" <chriscotten@wanadoo.fr>

Guerre, mode d’emploi

Oui, moi aussi, j’ai été choqué. J’ai même éprouvé de la peur. Et une infinie tristesse pour les victimes et leurs familles. Oui, il m’a semblé important de leur envoyer beaucoup d’amour et de lumière.

Oui, je pense qu’il est temps d’agir face à l’horreur et à la folie. Je n’ai pas envie de mourir de désespoir devant la violence de l’espèce humaine.

Mais je refuse de me laisser manipuler par des média aux ordres de dirigeants malades.
Et je refuse tout autant de choisir entre l’appel à la croisade antiterroriste et antiislamique ou l’appel incantatoire à la paix.

Lors de tout événement à grand spectacle organisé ou accompagné par des services secrets militaires, la vérité est dite dans les premiers commentaires, puis très vite édulcorée.

Dès la nouvelle des attaques connue, la vérité fut dite : “C’est comme Pearl Harbor”. Les militaires américains ont choisi en décembre 42 de laisser se dérouler l’attaque japonaise sur Pearl Harbor pour pouvoir mobiliser le pays tout entier dans la guerre. Pearl Harbor a fait 2400 morts. Manhattan, plus du double. Compte tenu de la croissance de la population, le chiffre est proportionnellement le même.

Comme Pearl Harbor, Manhattan va permettre la mobilisation militaire pour envoyer les jeunes hispaniques et noirs en surnombre se faire tuer en menant la guerre sainte.

M. George W. BUSH, président mal élu, est membre, comme son père, de la société secrète d’origine maçonnique Skull and Bones (Crâne et Tibias).

Dans son livre “Avec l’aide de Dieu” (éditions Odile Jacob, Paris, 2000), M. George W. BUSH écrit, page 76 :

“La dernière année (de ses études à Yale), je suis devenu membre de Crâne et Tibias, une société secrète, si secrète en vérité que je ne peux en dire davantage. Je m’y suis fait 14 nouveaux amis”.

Cette société secrète, mysticopolitique et affairiste, a développé depuis 1832 une idéologie intégriste, totalitaire et guerrière. Son emblème est celui des Panzer Divisions nazies (une tête de mort sur fond d’os croisés).

Ses membres, enfermés dans des systèmes idéologiques comparables à ceux du Klu Klux Klan, tout comme les Patriots ou les Survivors, sont assez souvent les héritiers de seconde génération des soldats allemands émigrés aux USA après guerre.

Cette société occulte “La Fraternité de la Mort” constitue un des plus importants systèmes d’influence des institutions américaines, en regroupant un nombre significatif de ses dirigeants (15 recrues par an à l’université de Yale) et en leur garantissant tout le soutien nécessaire à leur carrière de pouvoir.

Véritable “Ordre Noir”, elle agit en secret selon quelques principes forts, cohérents avec ceux des sociétés occultes qui ont porté Hitler au pouvoir : la race blanche, judéo-anglosaxonne, est supérieure à toutes les autres et doit donc diriger le monde ; les habitants de la planète sont trop nombreux et il est donc sain d’en éliminer régulièrement un nombre significatif, pour préserver la suprématie, le pouvoir et le confort du peuple américain ; une guerre par génération est indispensable pour préserver les qualités morales viriles du peuple ; la stratégie du chaos violent est la meilleure façon d’asseoir le pouvoir de l’Amérique sur le monde.

Nous avons là l’exact miroir des délires intégristes des terroristes islamistes. Qui est le premier auteur ? Je crains qu’il n’y ait pas de réponse.

Les pays musulmans de l’ancien monde soviétique regorgent de pétrole, de gaz et de minerais et métaux rares. Gaz et pétrole ne sont exploitables par les compagnies américaines qu’à condition de disposer d’un oléoduc sécurisé, à construire au travers de l’Afghanistan.

L’Afghanistan était, avant l’arrivée des talibans financés par l’armée américaine pour contrer l’URSS, un des tout premiers producteurs d’héroïne, source inépuisable de richesse pour certains fonctionnaires de la CIA.

L’Afghanistan est une très belle plateforme d’altitude pour observer le ciel, dans le grand film paranoïaque de la guerre des étoiles. C’est aussi une excellente base militaire à revers de la Chine et de l’Inde.

Enfin, les Russes ont besoin d’être tranquilles pour massacrer les Tchétchènes ou les transformer en organes pour les marchés médicaux.

Et il faut une bonne raison pour bombarder et envahir un pays.

La seconde technique de gestion des opérations militaires à grand spectacle est la désignation immédiate, dès les premières heures du drame, du coupable officiel. Nous retrouvons là la stratégie nazie de l’incendie du Reichstag. Ben Laden a été désigné immédiatement, en moins d’une heure après les explosions de Manhattan et du Pentagone. Toute l’émotion de la planète a pu ainsi être canalisée sur les prochains sacrifiés de la folie collective.

Oui, les musulmans fanatiques et terroristes existent bien. Ils sont les parfaits miroirs des dirigeants américains qui répondent “Croisade” à “Jihad”. On se croirait dans un mauvais film du temps des grandes inquisitions et guerres de religions : nous sommes là au coeur de la grande tradition religieuse et obscure des sacrifices humains, portée aux plus épouvantables extrémités, par la conjugaison des pensées totalitaires et des technologies modernes.

Il se pourrait même que la responsabilité de M. Ben Laden soit effective, à égalité avec celle de l’armée américaine.

Les spécialistes des services secrets disent clairement que seuls des professionnels sont capables de monter des opérations comme celle du 11 septembre 2001.

C’est d’autant plus juste que, précisément, M. Ben Laden est un soustraitant prestataire de services pour l’armée américaine. Les organisations de M. Ben Laden, comme un certain nombre d’autres groupes islamistes, ont été formées par les meilleurs professionnels des services secrets américains ou israéliens, dans le cadre des stratégies de tension au procheorient et avec l’URSS.

Des hauts fonctionnaires des services secrets américains l’avouent : les clans internes de la CIA et autres services secrets américains se battent entre eux, dans la pire violence. Les sociétés occultes utilisent les institutions pour y poursuivre leurs propres buts de mégalomanes fanatiques. Nombre de militaires américains savaient, avant les attaques.

Nous ne saurons sans doute jamais qui a réellement commandité, organisé et mis en oeuvre cette attaque de folie : l’hypothèse Irakienne il y a des centaines d’officiers irakiens immigrés aux ÉtatsUnis pourrait s’argumenter tout autant que la piste Afghane ; Saddam Hussein a toutes les bonnes raisons de se venger du père au travers du fils. Mais l’Irak, écrasé par une violence impitoyable, n’intéresse plus les État-Unis.

Nous savons en revanche que le petit monde de l’internationale militaire paranoïaque forme un seul et même système très cohérent dans sa folie destructrice, où se croisent les officiers du Mossad (services secrets israéliens), cette autre filiale de la CIA, ceux du KGB, de la DGSE (France), du Pakistan etc., dans des jeux pathologiques d’infiltrations, d’alliances, de trahisons, de ventes d’armes et de manipulations mutuelles incessantes.

Et les acteurs de ce système là jouent aux cowboys avec des armes atomiques, bactériologiques ou chimiques, des missiles, des avions ou des foules sous hypnose directe ou médiatique.

Au milieu, les populations civiles, qui souffrent et meurent.

La frontière entre “le bien” et “le mal” n’est pas, comme l’on tente de nous le faire croire, entre “le monde civilisé” et les “barbares terroristes”, entre le monde judéo-chrétien occidental et le monde musulman : la frontière entre l’acceptable et l’inacceptable est entre les peuples et institutions démocratiques de toute la planète et les systèmes militaires/occultes/financiers paranoïaques qui prennent en otage les populations civiles de tous les pays.

Et ce, pour les dresser les unes contre les autres, dans des guerres inutiles sauf aux marchands d’armes et aux banques qui les financent jusqu’au jour où les dirigeants fous reviendront sur le devant de la scène avec un projet de gouvernement mondial autoritaire, justifiant ses politiques de contrôle des corps, des comportements et des cerveaux par un danger terroriste qu’ils ont eux-mêmes fabriqués.

Il ne peut pas y avoir de paix sans respect. S’il était crédible que les assassins de Manhattan soient vraiment inconnus et indépendants des services secrets occidentaux, fable que nous ne pouvons croire, il resterait encore à rappeler que chacun de nous ne rencontre à l’extérieur que le reflet de ses propres conflits intérieurs : il n’y a d’autres terroristes que ceux que nous fabriquons par nos intolérances, nos violences économiques, financières, culturelles et nos passivités et soumissions.

La majorité des peuples de la Terre aujourd’hui ne veut pas du modèle américain colonisateur et violent et ces peuples là n’ont plus, bien souvent, que l’énergie du désespoir à opposer à la mort brutale ou lente qui leur est infligée : comment les résistants français des années 40 auraient-ils pu faire autrement que devenir des terroristes ?

Pas plus que l’appel à la guerre de croisade, l’incantation angéliste à la paix ne peut être la bonne réponse. La réponse juste est comme toujours un subtil mélange : la souffrance et la colère doivent venir nourrir non l’esprit de vengeance mais la détermination à user de la force du droit, non le retrait dans le pacifisme passif, mais la puissance du long et lent travail politique.
Là est le défi qui nous est lancé, à nous, citoyens d’Europe et citoyens du Monde : dire clairement à nos dirigeants que nous leur refusons le droit de nous assassiner avec des guerres de malades mentaux et d’obsédés du profit financier.

Car la paix ne sera pas choisie volontairement par les dirigeants américains, pas plus qu’européens, même si nous leur envoyons des milliers de pétitions, pas plus que par les dirigeants intégristes de l’Islam, même si nous tentons de comprendre les souffrances qui génèrent leurs violences.

La voie de la paix ne sera prise par les militaires de tous bords que si nous savons la leur imposer, avec autant de force qu’eux mettent en oeuvre de violence pour nous faire croire à la nécessité d’une guerre sainte, qu’elle se nomme croisade ici ou jihad là.

Si l’Amérique veut justice, ce qui est légitime, qu’elle se libère déjà de ses fantasmes infantiles de toute puissance : ses dirigeants militaires sont malades, paranoïaques, incompétents et, au regard des droits fondamentaux de l’homme, tout autant criminels que les terroristes du 11 septembre.

Si les islamistes veulent justice pour leurs peuples et reconnaissance de leurs cultures, qu’ils se libèrent donc, eux aussi, de leurs enfermements intellectuels et culturels : le chaos planétaire qu’ils cherchent à provoquer, en complicité objective avec des dirigeants américains fanatiques, ne réduira pas l’écrasement de leurs peuples, c’est seulement la souveraineté de leurs propres citoyens qui pourra un jour leur permettre de vivre debout, libres et prospères.

Si les citoyens de France et d’Europe veulent vraiment montrer leur solidarité avec le peuple américain, que nous aidions alors nos dirigeants à dire non à la folie meurtrière qui anime ces cowboys immatures qui jouent à la guerre avec des armes surpuissantes.

Si les citoyens de France et d’Europe veulent aider les peuples d’Islam, alors, aidons-les à se débarrasser de leurs dirigeants fous et criminels, aidons-les à trouver la voie de leurs souverainetés d’individus, dans le respect de leurs cultures propres.

Une guerre sainte contre l’Islam, à laquelle l’Europe serait appelée à contribuer, serait un crime contre l’humanité relevant de la justice internationale, tout autant qu’est un crime contre l’humanité le massacre de Manhattan. L’on ne rend pas justice en commettant un nouveau crime mais en conduisant les auteurs devant un tribunal équitable et impartial.

Mobilisons-nous pour dire non à la guerre, mobilisons-nous pour dire non à la violence, d’où qu’elle vienne, et obligeons avec fermeté les dirigeants de la planète à faire la paix en eux-mêmes et les uns avec les autres.

Il se pourrait bien que les femmes du monde aient un rôle particulièrement important à jouer dans un tel projet.

Christian COTTEN
Psychosociologue,
secrétaire général de Politique de Vie

http://www.motus.ch
http://www.politiquedevie.net
chriscotten@wanadoo.fr







RETOUR À LA PAGE D'ACCUEIL DE CE SITE